Résoudre une équation diophantienne du premier degré
Par Zauctore
Voici un document à l'attention des TS spé math sur la résolution en nombres entiers des équations de la forme où , , sont eux aussi des entiers.
On suppose connus pour cela les principaux résultats d'arithmétique que sont les théorèmes de Gauss et de Bachet-Bézout.
Note :
La méthode employée ici est plus classique que celle d'Euler dont j'ai donné les rudiments dans cet autre article.
Résumé
Soient , , trois entiers. Résoudre l’équation diophantienne
consiste à déteminer toutes les paires de nombres entiers et qui en sont solution.
Dans la suite, on étudie d’abord un exemple particulier
avant de considérer le problème en toute généralité.
On suppose connus la division euclidienne, les notions de pgcd et de nombres premiers entre eux, les théorèmes de Bachet et de Gauss.
§ 1. Résolution d’une équation particulière.
Considérons l’équation
Il est clair que et est une solution de cette équation puisque
.
Pour éliminer le terme constant , soustrayons et :
.
On en déduit que :
où tous les nombres en jeu sont entiers.
Les nombres et étant premiers entre eux, on voit ainsi que divise et que divise .
Remarque : C’est le théorème de Gauss : si divise , et si est premier avec , alors divise nécessairement .
Il doit donc exister deux entiers et tels que
et .
Alors, l’égalité devient .
Ceci montre que .
Donc pour un certain entier , on a : et .
C’est-à-dire que si et sont solution de l’équation , alors :
et pour un certain
Réciproquement, on voit que :
.
Les solutions sont donc exactement les couples
( ; ), .
Exercice 1.
Résoudre l’équation en remarquant qu’une solution particulière est donnée par , .
§ 2. Généralisation.
L’exemple précédent laisse penser que la connaissance
d’une solution particulière détermine toutes les autres en fonction des coefficients de l’équation.
Ceci est parfaitement général, moyennant une condition sur les
coefficients.
Propriété 1 :
Soient et deux nombres premiers entre eux.
Soit une solution particulière de l’équation .
Alors elle possède une infinité de solutions qui sont toutes données par ( ; , .
Démonstration.
La démarche suit exactement l’exemple de la résolution de l’équation .
On suppose que .
Si , est une autre solution de l’équation, alors on a :
et par différence
,
c’est-à-dire
.
C’est ici que le fait que et sont premiers entre eux intervient de façon cruciale : avec le théorème de Gauss, on en déduit que est un diviseur de et que est un diviseur de .
On peut donc écrire, pour deux entiers et convenables
et .
Donc l’égalité devient
ce qui montre que .
On en déduit finalement que, pour un certain entier
et .
Il reste à vérifier réciproquement que de telles combinaisons fournissent des solutions de l’équation initiale :
, ce qui achève la démonstration.
On peut se demander à quelle condition il est possible de trouver une solution particulière.
Propriété 2.
Soit . L’équation possède des
solutions si et seulement si divise le terme constant .
En particulier, l’équation admet des solutions si et seulement si et sont premiers entre eux.
Démonstration.
Supposons que soit une solution de l’équation ; alors divise bien entendu et dans ce cas, d divise .
Réciproquement, supposons qu’il existe tel que . On sait d’après le théorème de Bachet ( il concerne les nombres entiers ; Bezout a étendu ce résultat aux polynômes) qu’on peut trouver deux entiers , tels que .
En multipliant par , on obtient c’est-à-dire l’existence de et tels que .
D’après cette propriété, il est inutile d’espérer trouver des entiers et qui soient solution de l’équation puisque pgcd et n’est pas divisible par .
§ 3. Obtention d’une solution particulière.
L’expérimentation peut permettre de trouver rapidement une solution particulière d’une équation diophantienne du premier degré.
Par exemple, pour l’équation , il est facile de voir (dans les tables!) que les nombres et conviennent, c’est-à-dire que et conviennent.
De façon plus générale, c’est la « remontée » des égalités de l’algorithme d’Euclide qui fournit une relation de Bachet entre les entiers et : on peut toujours trouver explicitement deux entiers , tels que .
Exemple.
Pour résoudre l’équation diophantienne,
on cherche le pgcd des nombres et .
L’algorithme d’Euclide donne :
.
On part du pgcd et on « remonte » en
remplaçant les restes successifs :
d’où la relation cherchée
Ainsi, et forment une solution de l’équation .
Une solution particulière de l’équation est , :
.
Puisque les coefficients de et sont premiers entre eux, on en déduit que toutes les solutions de cette équation sont données par , .
Exemple.
Pour l’équation
On cherche d’abord le pgcd des nombres et .
L’algorithme d’Euclide donne :
Le pgcd est ; il divise le terme constant .
On simplifie les coefficients de l’équation , qui devient de façon équivalente
, les coefficients et étant maintenant premiers entre eux.
Après quelques calculs (toujours en remontant l’algorithme d’Euclide), on obtient une relation de Bachet :
.
L’équation admet donc la solution particulière , .
On en déduit toutes les solutions de , et donc de :
, .
§ 4. Méthode.
De façon générale, pour résoudre une équation diophantienne
, la démarche consiste à :
1. déterminer le pgcd des coefficients et et s’assurer qu’il divise le terme constant ,
2. diviser les coefficients de l’équation par , pour former l’équation équivalente , avec , premiers entre eux,
3. en déterminer une solution particulière , , puis toutes les solutions avec , , pour tout ,
Remarque :
C’est la troisième étape qui est la plus délicate, demandant la remontée de l’algorithme d’Euclide ou l’obtention « à vue » d’une solution particulière.
Exercice 2.
Trouver une solution particulière puis résoudre chacune des équations diophantiennes suivantes.
.
Toutes nos vidéos sur résoudre une équation diophantienne du premier degré